Monsieur
Faisant suite à vos réflexions publiées dans Action Barbès, j’engage la discussion que vous vouliez avoir à la sortie de la réunion du 16 mai au commissariat de Clignancourt.
J’aborde la partie Bilan de votre compte-rendu où vous dites avoir craint « le pire et que le pire est arrivé », en passant au-delà du côté « lyrique » pour ne pas dire pompeux de votre « démonstration » mais après vous avoir cité : « bétail au fer rouge », « Sur la peau des habitants on a brûlé les lettres ZSP », « les habitants ne sont plus que des victimes pantelantes », « les mamas ne sont plus des individus mais du bétail.. » etc.
Disons pour nous mettre tout de suite à l’aise que votre socialisme est celui d’un certain misérabilisme, littéraire sans doute et les termes employés en témoignent, mais précisons surtout qu’ils cachent plus qu’ils ne dévoilent. Ce n’est pas le mien ! Je préfère à cette resucée d’un discours vibrionnant du 19ème siècle une analyse fondée sur les faits – les faits sont têtus.
Quels sont ces faits et le jugement qu’on peut en avoir ?
Oui, des dealers jeunes ou moins jeunes arpentent et tiennent les murs de certaines rues. Oui, une partie d’entre eux tentent d’intimider ou agressent franchement les passants et les riverains et ils doivent être sanctionnés. Et, oui, il faut un travail en amont sur les plus jeunes et leurs parents pour qu’ils ne prennent pas le même chemin.
Oui, les vendeurs et vendeuses à la sauvette préemptent l’espace public et empêchent la libre circulation des riverains (Dejean, Poissonniers, Poulet) et souvent de façon agressive. Non, ils/elles ne sont pas tous des victimes de la misère mais bien des membres de réseaux organisés. Oui, pour certains autres, la Mairie devrait leur trouver un espace dédié et qui ne ferait pas concurrence aux commerces déclarés.
Oui, il faut venir en aide aux poly toxicomanes de rue par une prise en charge et des soins de professionnels. Non, les salles de shoot - dispositif peu coûteux, c’est son intérêt - ne sont pas la panacée et contribueraient à les maintenir dans leur enfermement.
Oui, les crackeurs au métro Marcadet sont dangereux et les parents peuvent légitimement s’inquiéter pour eux et pour eux-mêmes.
Oui, les pisseurs n’ont aucun respect pour l’environnement et insupportent les habitants.
Oui, des gens n’arrivent plus à dormir parce que les clients de bars ou commerces font du tapage dans la rue jusqu’à tard dans la nuit etc.
Finalement vous vous êtes fait le héros de la défense de la Goutte d’or, un quartier populaire, mais vous vous en êtes fait une image fantasmatique, une image d’Epinal pour ne pas dire rétrograde.
Je vous invite donc à visionner les témoignages publiés sur www.facebook.com/chateaubouge et vous serez édifié. D’origine de l’Afrique noire ou du Maghreb, quelle que soit leur origine, les gens ordinaires ne supportent plus ce qui a été fait de leur quartier, un quartier populaire. Tous veulent pouvoir vivre une vie normale dans un environnement normal.
En écho à l’exemplarité du ramassage et d’échange de seringue que vous mettez en avant, je dirais que c’est bien, mais insuffisant, et que vous prêchez pour votre paroisse. La décision d’installer EGO dans un quartier de grande densité urbaine et près d’écoles a été, comme a pu l’admettre monsieur Michel Neyreneuf hors micro, une belle connerie mais elle n’était pas anodine. Elle a participé d’un choix politique plus global qui était de cantonner sur ce quartier tout ce qu’on ne voulait pas voir ailleurs sur le reste de la capitale. Ce que vous prétendez avancer comme éléments de solution n’est donc au mieux que la réparation de dommages collatéraux, et au pire la perpétuation de l’existant. Ce n’est pas à la hauteur des attentes du quartier.
Pour ma part si je devais dire ce que nous voulons pour ce quartier je répondrais : Tout, avec réalisme, méthode et sans rien occulter.
Claude Sauton
PS : je n’ai pas aimé l’article que vous avez publié dans un récent numéro du journal d’EGO où vous écrivez, en substance, que les gens qui ont peur dans le quartier n’ont qu’à partir. Vous avez tout dit en peu de mots sur ce que vous voulez du quartier.
Faisant suite à vos réflexions publiées dans Action Barbès, j’engage la discussion que vous vouliez avoir à la sortie de la réunion du 16 mai au commissariat de Clignancourt.
J’aborde la partie Bilan de votre compte-rendu où vous dites avoir craint « le pire et que le pire est arrivé », en passant au-delà du côté « lyrique » pour ne pas dire pompeux de votre « démonstration » mais après vous avoir cité : « bétail au fer rouge », « Sur la peau des habitants on a brûlé les lettres ZSP », « les habitants ne sont plus que des victimes pantelantes », « les mamas ne sont plus des individus mais du bétail.. » etc.
Disons pour nous mettre tout de suite à l’aise que votre socialisme est celui d’un certain misérabilisme, littéraire sans doute et les termes employés en témoignent, mais précisons surtout qu’ils cachent plus qu’ils ne dévoilent. Ce n’est pas le mien ! Je préfère à cette resucée d’un discours vibrionnant du 19ème siècle une analyse fondée sur les faits – les faits sont têtus.
Quels sont ces faits et le jugement qu’on peut en avoir ?
Oui, des dealers jeunes ou moins jeunes arpentent et tiennent les murs de certaines rues. Oui, une partie d’entre eux tentent d’intimider ou agressent franchement les passants et les riverains et ils doivent être sanctionnés. Et, oui, il faut un travail en amont sur les plus jeunes et leurs parents pour qu’ils ne prennent pas le même chemin.
Oui, les vendeurs et vendeuses à la sauvette préemptent l’espace public et empêchent la libre circulation des riverains (Dejean, Poissonniers, Poulet) et souvent de façon agressive. Non, ils/elles ne sont pas tous des victimes de la misère mais bien des membres de réseaux organisés. Oui, pour certains autres, la Mairie devrait leur trouver un espace dédié et qui ne ferait pas concurrence aux commerces déclarés.
Oui, il faut venir en aide aux poly toxicomanes de rue par une prise en charge et des soins de professionnels. Non, les salles de shoot - dispositif peu coûteux, c’est son intérêt - ne sont pas la panacée et contribueraient à les maintenir dans leur enfermement.
Oui, les crackeurs au métro Marcadet sont dangereux et les parents peuvent légitimement s’inquiéter pour eux et pour eux-mêmes.
Oui, les pisseurs n’ont aucun respect pour l’environnement et insupportent les habitants.
Oui, des gens n’arrivent plus à dormir parce que les clients de bars ou commerces font du tapage dans la rue jusqu’à tard dans la nuit etc.
Finalement vous vous êtes fait le héros de la défense de la Goutte d’or, un quartier populaire, mais vous vous en êtes fait une image fantasmatique, une image d’Epinal pour ne pas dire rétrograde.
Je vous invite donc à visionner les témoignages publiés sur www.facebook.com/chateaubouge et vous serez édifié. D’origine de l’Afrique noire ou du Maghreb, quelle que soit leur origine, les gens ordinaires ne supportent plus ce qui a été fait de leur quartier, un quartier populaire. Tous veulent pouvoir vivre une vie normale dans un environnement normal.
En écho à l’exemplarité du ramassage et d’échange de seringue que vous mettez en avant, je dirais que c’est bien, mais insuffisant, et que vous prêchez pour votre paroisse. La décision d’installer EGO dans un quartier de grande densité urbaine et près d’écoles a été, comme a pu l’admettre monsieur Michel Neyreneuf hors micro, une belle connerie mais elle n’était pas anodine. Elle a participé d’un choix politique plus global qui était de cantonner sur ce quartier tout ce qu’on ne voulait pas voir ailleurs sur le reste de la capitale. Ce que vous prétendez avancer comme éléments de solution n’est donc au mieux que la réparation de dommages collatéraux, et au pire la perpétuation de l’existant. Ce n’est pas à la hauteur des attentes du quartier.
Pour ma part si je devais dire ce que nous voulons pour ce quartier je répondrais : Tout, avec réalisme, méthode et sans rien occulter.
Claude Sauton
PS : je n’ai pas aimé l’article que vous avez publié dans un récent numéro du journal d’EGO où vous écrivez, en substance, que les gens qui ont peur dans le quartier n’ont qu’à partir. Vous avez tout dit en peu de mots sur ce que vous voulez du quartier.
Dernière édition par goutte le Dim 2 Juin - 17:29, édité 1 fois